Renji est un garçon qui se dit malchanceux dans pratiquement tout ce qui concerne les relations humaines. Cependant, ce n’est pas faute de faire des efforts tous les jours pour ça. Il se trouve trop honnête, trop direct et parfois même impoli quand il se retrouve à blesser des clients de sa librairie. Il n’y peut rien, quand on lui pose une question, il ne peut pas mentir. Il n’aime pas ça. Ce n’est pas qu’il n’a jamais essayé. Qui n’a jamais menti par omission ? Mais il déteste tellement qu’on lui raconte des histoires, qu’il se tient à ce simple principe, dire les choses telles qu’elles sont. De toute manière, dans la vie, il n’y a que la vérité qui blesse, alors pourquoi la cacher derrière des mots qui sonnent faux.
Il n’a pas non plus pour habitude de faire le gentleman. Une femme ne fait pas attention à elle ? Elle est simplement trop étourdie ou trop idiote. Et pourquoi ne pas lever la main sur celle qui envahit sa librairie juste pour se plaindre de la qualité médiocre des livres ? Il ne l’a jamais fait, mais ce n’est pas l’envie qui lui manque. Alors quand elle s’en va, il a pour habitude de casser l’éventuel crayon à papier qu’il a dans les mains.
Renji est un garçon qui certes pourra vous aider, mais s’il considère qu’il vous aide parce que vous auriez pu faire en sorte que ça n’arrive pas, il vous le fera savoir directement. Il ne va jamais par quatre chemins, et n’hésite pas à dire ce qu’il pense, sans tourner autour du pot ou tourner trois fois sa langue avant de parler.
Renji est cependant un garçon sensible. On peut dire aussi que c’est sa faiblesse principale. Il n’est pas capable de cacher une colère, une jalousie, ou alors une joie, un étonnement. Tout se lit sur son visage presque juvénile. Introverti il ne parlera jamais de son passé ou de ce qui peut le blesser. Si vous le blessez, certes vous le verrez sur son visage, mais jamais il ne vous dira pourquoi. Attentionné avec les personnes qu’il aime, il se tiendra toujours prêt à leur venir en aide, à les écouter, à les soutenir. Ce n’est pas quelqu’un qui sera du genre à lâcher une personne chère comme ça du jour au lendemain. Non. Il sera plus du genre à être fidèle.
Quand il est amoureux de quelqu’un il s’attend toujours à ce que ce soit la bonne personne, à ce qu’elle soit digne de confiance, à ce qu’elle n’ait que lui dans son cœur. De ce côté là, Renji est de ceux qui aiment très sincèrement et de tout son cœur. Son plus gros souci (et sa principale difficulté) est qu’en amour,  Renji est du genre à ne pas voir la personnalité de la personne qu’il a en face de lui, surtout quand celle-ci est belle physiquement. Il peut être très vite aveuglé et du coup, finir par avoir le cœur brisé par la personne qu’il a crut aimer pour de vrai et dont il a pensé qu’elle était sincère. Pour l'instant ses aventures amoureuses n'ont pas duré très longtemps. Aussi à présent il se méfie, et des autres, et de lui-même.  

Renji est né dans une famille à revenus plutôt aisés. Son destin avait alors été tracé : il prendrait la suite de son père, pour faire la fierté de sa famille. Il était le bonheur de ses parents. Du moins c’est ce que pensait toute la famille Hitomaru, hormis les parents eux-même. Sa mère, grande mannequin reconnue, et son père, grand homme d’affaires, ne s’entendaient plus du tout. Ils vivaient dans une grande villa, mais Renji y était souvent tout seul. La seule personne qui était là avec lui était la dame de compagnie familiale, qui s’occupait de tout dans la maison. Elle lui faisait de bon petit plat, lui préparait toujours le plus merveilleux des anniversaires, et surtout, elle ne le laissait jamais s’ennuyer. L’affection maternelle, Renji la recevait surtout de cette vieille dame au grand cœur.

Le jour de son neuvième anniversaire arriva. Il était 19h, et comme toujours les préparatifs de son anniversaire avaient été gigantesques. Renji aimait beaucoup ses parents même si ceux-ci n’étaient pas souvent là. Il recevait toujours un bisous ou une caresse de sa mère, voire même parfois le soir un câlin précieux avant de dormir. Son père était par contre absent. Mais qu’importe. Il le lui pardonnait déjà ! C’est donc parce qu’ils les aimaient fortement qu’il avait prévu de leur faire une petite farce, en se cachant derrière la table où se trouvait tous les gâteaux pour son anniversaire. Ses parents rentraient à ce moment là, et Renji assista à la scène la plus terrible qui ait pu arriver pour un enfant. Ses parents se parlaient mal, parlaient de divorce, et surtout les phrases « Tu ne m’as pas épousée parce que tu m’aimais. Notre rencontre, la naissance de Renji et notre mariage, tout ça ce n’était qu’une suite d’erreurs pas vrai ? » Ce n’était pas la première fois que Renji entendait ce genre de chose, mais ça faisait mal. Et il n’aimait pas ça non plus. Alors il sortit de sa cachette et tira d’un coup sur la nappe, faisant alors tomber vaisselle, gâteau, et autres sur le sol, surprenant son père et sa mère par le capharnaüm.  

Il ne fut pas puni cette fois là, mais Renji portait en lui la rancœur des mots que son père n’avait pas su  nier et que sa mère avait osé prononcer. 2 ans plus tard, sa mère mourrait dans un accident de voiture, et son père s’était alors enfermé dan son travail. Renji ne supportait plus non plus d’être là, dans cette maison vide, où raisonnaient encore les disputes de ses parents. Insupportable. Son père ne pouvant –et surtout ne voulant- pas assurer l’éducation de son fils, il l’envoya chez sa tante à Tokyo. C’est chez celle-ci donc que Renji passa le restant de son enfance, s’enfermant dans ses livres de cours, son mutisme presque absolu, les romans et autres. En grandissant, Renji ne parlait toujours pas énormément de lui, de ce qu’il faisait de ses journées, ou de ce qu’il voulait faire plus tard dans le futur. Au lycée, il ne faisait pas attention à ses camarades et leurs remarques sur son sujet. Il passait toutes les pauses dans la bibliothèque. Ceci dit, il eut tout de même pas mal d’amis rencontrés au fur et à mesure, progressivement, et qu’il a appris à connaître petit à petit. A l’université, tout cela alla déjà beaucoup mieux, puisqu’il parvint à s’intégrer plus vite dans sa promo.

C’est aussi à l’université qu’il avait rencontré son premier amour et sa première rupture. Il était à l’université de Tokyo en dernière année de Littérature, comme lui. Il était beau, il avait toujours les mots qu’il fallait pour le rassurer, le mettre à l’aise en sa présence, il était attentionné, bref... A ses yeux, il était juste parfait. Depuis longtemps, Renji n’avait pas vraiment souris de cette façon qu’avec son premier amour. Mais il avait été naïf. Trop naïf. Comme avec ses parents, il lui avait donné un amour infini qui jamais ne lui fut rendu de la même façon. Cela brisa son cœur de nouveau, et finalement c’est de lui-même que Renji mit fin à cet amour laid et détestable.

Le problème ce fut qu’après, quelque soit les relations qu’il commençait, toutes finissaient par un échec. Comme si, totalement aveuglé par la beauté physique et la beauté des mots qu’on lui donnait, Renji ne voulait pas voir la face noire que cachait tout ce masque. Ce n’était pas faute de se méfier toujours un peu plus à chaque fois. Vivant maintenant à Rakuen, depuis sa première Rupture, et ayant pu ouvrir, grâce à l’aide de sa tante, une petite librairie, Renji touche toujours du bois, et croit encore qu’un jour peut être il pourra trouver celui qui le rendra véritablement heureux. Mais à quel prix ? Son niveau de méfiance actuel est tel que même lui se demande s’il sera capable d’aimer à nouveau. Alors, c’est patiemment, entouré des bibliothèques remplies de livres, que Renji attend tranquillement que ça lui tombe dessus.