Il a des regrets, tout le monde en a, après tout. Mais si il avait été assez fort, si il avait su s'affirmer et dire non, il n'aurait pas eu toutes ces traces de piqûre sur les bras, il n'aurait pas eu toutes ces séquelles physique et mentale.
Il en veut à ses géniteurs, à ces êtres qui l'ont mit au monde alors qu'ils n'étaient même pas foutus de s'occuper d'eux même. Il ne les considère même pas comme ses parents, de toutes façons, maintenant qu'il est au Japon, il n'a plus à les voir.
Il a toujours eu du mal à laisser le passé derrière lui, a tourné la page. Il vivait au jour le jour, mais il a retenu toutes les fois où on l'a blessé, humiliés. La seule chose qu'il a toujours eu, s'était son amour propre, alors quand on essayait de le souiller, il s'en souvenait, et il s'en souvient encore.
Il ne prenait jamais le temps de peser le pour ou le contre, il fonçait, tête baisser, et regrettait souvent. Mais jamais il n'avait appris sa leçon. Il recommençait, encore et encore. Aujourd'hui, il essaye de se retenir, de ne pas se faire remarquer, mais son instinct est souvent plus fort, et il ne réfléchis pas avant d'agir.
La drogue lui a laissé cette angoisse permanente, ces tremblements. Les coups de son père lui ont, eux, laissé cette peur des mouvements brusques. Sueurs froides, ongles rongés. Il a du mal à rester dans son coin sans bouger, il a peur, il se sent étouffé. Pour aller mieux, il se grille une ou deux cigarettes, le pieds tapant le sol à intervalle régulière.
Il est prêt à tout pour laisser son passé derrière lui, il est prêt à tout pour se faire une place, pour avoir un futur. Changer de pays ne lui faisait pas peur, s'était même son aubaine. Il a encore un peu de mal, certaines fois, mais la barrière de la langue n'est plus un soucis. Il a reprit les études, et travaille dur, dans l'optique de changer, de gagner sa vie et vivre raisonnablement.
A son arrivé aux pays, il évitait tout ce qui bougeait, et la barrière de la langue était son excuse favorite. Mais maintenant, il est de plus en plus difficile de trouver une excuse valable pour qu'on lui laisse la paix. Il a peur que son passé le rattrape si il se met à avoir des fréquentations. Puis il n'a pas été envoyé au Japon pour se faire des amis, mais pour qu'il puisse avoir une seconde chance, alors il passe son temps dans les bouquins, les études et les petits jobs.

On peut trouver ça cliché, tout droit sorti d'un film ou d'un clip qui cherche juste à vous faire chialer, mais la vérité, c'est que tout ça, c'est réel. Ilsung, il a grandit dans un petit appartement à Busan, trois pièces, en comptant la salle de bain, les murs suintant la grasse et la cigarette, gris comme le teint de son père qui décuve le matin. Son enfance, s'était pas beau à voir. Problème d'argent, parents irresponsables, immatures et père violent. Il avait rien de la vie de famille parfaite, et il l'a très mal vécu. Peu souriant, effrayé par le moindre geste brusque, il a fini comme son père et sa mère, à sniffer la coque sur la table basse devant le programme du soir. 
Il traînait dans la rue à pas d'heure, faisait parti d'une clique de bad boys et bad girls, des gens pas fréquentables, qui boivent, fument, se droguent et baisent à toute heure de la journée. Il a arrêté d'aller définitivement en cours en rentrant au lycée. Jeune, beau et paumé.
Les services sociaux sont montés sur leurs grands chevaux, menacés d'enlever Ilsung à ses parents. Il en avait rien à foutre, ses parents non plus, d'ailleurs. Il voulait juste sa dose. Il détestait ses parents, mais il les voyait à peine, alors il s'en foutait. Sa mère était une désillusionnés aux seins siliconés et au maquillage de violence, son père, il savait même pas ce qu'il faisait comme métier, et il en avait rien à foutre. Ilsung pensait ne pas avoir d'avenir, il vivait chaque jour comme le dernier et disait fuck à la vie. Il lui était déjà arrivée de vendre son corps à des potes de potes de son père, pour pouvoir se payer la came et les seins de sa mère. Triste, mais il s'en fichait. 
La justice sur le dos, la famille s'était un peu calmé, pour faire bonne figure, pour pas finir en justice pour possession de drogues. Une dispute, quelques rails de cokes en trop, et un mauvais bad trip plus tard, il avait reprit conscience dans sa chambre, sa mère à ses côtés, un collier d'ecchymoses au cou. Ilsung s'est mis à crier, à pleurer, à trembler, car cette fois, ce n'était pas son père qui avait ça, mais lui. Il ne voulait pas être un meurtrier. Heureusement sa mère était encore en vie, et elle resta à l'hôpital quelque temps, alors que Ilsung avait fini en psychiatrie. 16 ans et déjà fou. C'est là que tout à changé. Il devait changer, et il allait changer. 
Les services sociaux l'ont placés en famille d'accueille à Rakuen, dans un nouveau pays, pour tout recommencer à zéro. Son tuteur avait la trentaine, un homme banal, qui vivait avec son compagnon, un homme. Ilsung s'en fichait, ils lui donnaient de l'importance, pour la première fois de sa vie, on lui disait qu'il était important, et qu'il avait un futur. Il reprit les études, apprit le japonais, travailla dur, longuement pour rattraper son retard, il arrêta l'alcool et la drogue grâce à sa volonté et à ses cures de désintoxications, mais il en avait encore des séquelles. La clope, par contre, il en avait toujours une entre les doigts, sa façon à lui de déstresser. 
Il enfouit son passé profondément, pour avancer, et changer. Il a trouvé refuge dans les études et les bouquins, ne sortant plus que pour travailler maintenant qu'il vivait seul, mais sa famille d'accueille est toujours là en cas de soucis. Il refuse toute invitations de soirée, car il sait qu'il est si facile de retomber dans la dépendance, et maintenant qu'il se sent bien, il ne veut pas de ça. On lui dit qu'il est coincé, qu'il devrait s'ouvrir et s'amuser un peu plus, mais ils ne savent pas qu'il en a déjà eu assez pour toute une vie.