« Tu es trop belle pour être gentille, c’est pourquoi tu détruis tout ce que tu touches. »


Hautaine, prétentieuse, manipulatrice. C’est ce que les gens pensent de moi au premier abord. Je me la joue princesse mais pas façon Disney. Je ne peux pas dire que tout est faux. Je connais mon physique et l’effet qu’il a sur les autres. Je m’en sers pour obtenir ce que je veux même si parfois je dois faire croire à un pauvre garçon qu’il peut avoir une chance avec moi. Je ne suis pas méchante non plus, il ne faut pas confondre. Je n’irai pas faire du mal volontairement à moins qu’on l’ait vraiment cherché. Dans ces cas-là, je serai votre pire cauchemar.
J’aime prendre soin de moi, ce qui ne fait pas pour autant de moi un être sans cœur obsédée par son apparence. J’ai des sentiments bien qu’ils soient profondément cachés. Je ne veux pas me laisser atteindre par les critiques, les réflexions, les déceptions, la tristesse. J’ai appris à fermer la porte à toutes ces émotions pour devenir plus forte. Je me fous de ce que l’on peut penser de moi si cela me permet de ne  plus redevenir la fille pathétique et trop sensible que j’étais.


« Les gens ne sont pas des poupées, tu ne peux pas jouer avec eux et les remettre dans la boite quand tu en as fini avec eux. »

Mon caractère ne m’empêche pas d’avoir des amis, des vrais. Certes, j’en ai très peu mais ils me suffisent. Ils me connaissent, connaissent mon passé. Ils savent qui je suis réellement, je donnerai ma vie pour eux. Avec eux, je suis naturelle, drôle, détendue, je n’ai pas besoin de jouer. Ils sont une bouffée d’air frais dans ma vie.
J’ai appris à me servir des gens comme on s’est servi de moi sans remord. J’ai besoin d’atteindre mes objectifs pour montrer au monde entier que je suis capable de réussir, peu importe les moyens. Je crois bien avoir perdu mon innocence.
Je suis bornée, à la limite de la stupidité. Je décide quelque chose et je le fais, que l’idée soit bonne ou mauvaise. J’assume mes choix.
On peut me voir comme la méchante du conte de fée, sans le côté sorcière. J’ai lâché mes rêves. Vous savez ce qu’on dit à propos de l’espoir ? Qu’il apporte le malheur.

« Tu te rappelles quand t’étais gamine, les livres de coloriage ? Moi je les aimais pas. C’est vrai quoi, si j’ai envie de dessiner une maison, j’veux pas qu’un abruti décide à ma place à quoi elle doit ressembler. »

Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours été une petite file épanouie, pleine de rêve avec des amis malgré mon surpoids. J’étais insouciante, naïve, gentille tout simplement. J’hésitais entre être danseuse étoile ou vétérinaire. J’ai grandi dans mon petit quartier bourgeois, pilier de cette belle Amérique. On avait de l’argent, c’était facile. En tant que fille unique je n’avais pas besoin de partager et pourtant je l’aurai fait volontiers à cette époque.

Je portais des belles robes pour aller à l’école où je retrouvais mes meilleures copines pour parler des garçons. Je n’étais pas très populaire mais ce n’était pas grave. Le pire restait à venir. Bienvenue au collège. J’étais banale et je n’intéressais personne. Je croyais réellement au prince charmant. Alors oui, quand ce garçon est venu me parler j’ai directement craqué. Je n’avais que treize ans. Il m’attendait à la sortie des cours pour me raccompagner, il déjeunait avec moi. Je me sentais belle malgré les « grosse vache » que je me prenais dans la figure dans les couloirs. Il était trop parfait pour moi mais je me laissais prendre au jeu.

Au bout de quelques mois, il m’avait donné rendez-vous près de la fontaine du centre commerciale. C’était le grand moment, il allait enfin m’embrasser.
J’ai attendu pendant des heures, assise seule, jusqu’à la fermeture du centre. Il devait avoir une bonne raison de ne pas être venu. En sortant, je l’ai aperçu avec tous ses amis en train de rire et de se moquer de moi. « Tu croyais vraiment que je pourrais aimer un monstre pareil ? ». Des mots à jamais gravés dans ma mémoire. Ils m’ont jeté de l’eau à la figure et je suis partie en pleurant.

« I’m not scared, I wanna be scared, I wanna be hurt, I wanna remember. »

J’ai poussé la porte d’entrée et je suis montée dans ma chambre en courant. Personne ne devait me voir. J’ai retiré ma robe et je l’ai mise à la poubelle. J’étais perdue, brisée et je me sentais sale. J’ai trouvé les lames de rasoir de mon père dans la salle de bain, et sans réfléchir, j’ai fait comme dans ce film, j’ai tranché ma peau en hurlant toute ma douleur. Ce garçon m’avait poussé à vouloir mourir, je ne lui pardonnerai jamais.

Je me suis réveillée à l’hôpital, je ne parlais plus. Personne ne devait connaître mon humiliation. Je suis restée des mois entiers cloîtrée dans ma chambre, sans m’adresser à quiconque. J’ai eu le droit aux psychologues mais je ne disais rien. Je n’allais plus à l’école, les professeurs venaient me donner des cours à la maison. J’étais en train de sombrer, il fallait que je me réveille. Vivre dans le passé ne parviendra qu’à te foutre en l’air.
Je me suis mise au sport, à manger sainement. J’ai appris à me maquiller, à me coiffer, à devenir le cliché et le stéréotype de la jolie fille. J’ai décidé de retourner en cours pour ma première année de lycée. J’étais prête à me battre.

Je l’ai reconnu au premier regard, pas lui. Il n’a même pas tiqué lorsque je lui ai dit mon prénom. Mon plan pouvait se mettre en marche. Je faisais en sorte de croiser son regard au réfectoire, de le frôler dans les couloirs, de lui sourire sans arrêt. C’était tellement facile que j’ai rapidement pris confiance en moi. Je l’ai invité à sortir, cette fois il est venu. Il m’a embrassé. Mon premier baiser, et je n’ai ressenti que de la haine et du dégoût. Il était gentil avec moi, portais mes livres, m’offrait des cadeaux. On était le couple phare du lycée. Il y a eu les premiers je t’aime et je me suis donnée à lui, ma première fois lui était réservée. Il m’aimait comme un fou.

« Heureux ? C’est quoi être heureux ? Les vaches sont heureuses et elles finissent en steak tartare. »

J’ai commencé à faire courir des rumeurs sur lui, à écrire des petits mots racontant ses petits secrets un peu partout. Je l’ai baladé pendant des semaines avant qu’il se rende compte que tout venait de moi. Il était abasourdi en apprenant qui j’étais et complètement brisé. Il avait même pleuré. J’étais satisfaite. Voilà comment je suis devenue celle que je suis aujourd’hui. Je n’ai jamais eu aucun remord de l’avoir fait souffrir.
J’ai avancé dans ma vie en me jurant de ne plus jamais laissé quelqu’un me blesser à ce point. J’ai fait de nouvelles rencontres, mais je ne me suis jamais autorisée à tomber amoureuse.

Après avoir eu mon diplôme, j’ai voulu changer d’air. Partir loin de tout. Mon père m’a proposé de partir à l’autre bout du monde, au Japon. Un de ses amis s’y était installé, dans une nouvelle ville Rakuen. Il m’a aidé à trouver un appartement, un boulot. Trois ans que je suis là, je ne suis pas complètement bilingue, mais je me débrouille. Je commenc

Ma première et unique histoire d'amour je l'ai connu lorsque je n'étais qu'une ado de treize ans. J'étais naïve, je croyais au prince charmant. On s'est juste moqué de moi. Il m'a fait marché, s'est donné la peine de passer du temps avec moi pour que je m'attache, que je tombe amoureuse. Il m'a brisé, humilié, m'a donné envie de crever. Jamais je ne pardonnerai, jamais ne m'autoriserai à aimer quelqu'un de cette façon. Je ne pourrais pas me donner entièrement. C'est fini. L'amour je n'en veux plus.